La Cloture du Chœur

La clôture de chœur ou Table de communion est la « merveille » de cette église. Elle est composée de trois parties distinctes réunies sur toute la longueur. 

La partie centrale, devant le maître-autel, est ornée de sculptures d’inspiration religieuse. Les deux parties latérales, devant l’autel de la Vierge, et devant l’autel de Saint Nicolas, sont d’inspiration profane.

La partie centrale en chêne provenant assurément d’un atelier de qualité, est sculptée en façade. Elle semble plus ancienne (début XVIIème) que les parties latérales en bois de noyer. D’après l’inventaire topographique de 1979, il pourrait s’agir d’éléments de « boisure qui marquoit le maître-autel », en réalité un genre de clôture ou de jubé.

                            La clôture est composée de  2 vantaux et de 8 panneaux fixes embrevés à vif dans dix balustres plats. Les balustres sculptés en bas-relief sont ornés de rinceaux, chutes de feuillage et de fleurs, alors que les panneaux ornés de scènes bibliques sont sculptés en haut relief laissant passer la lumière.

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De gauche à droite on peut admirer les quatre symboles des évangélistes (Tétramorphe) alternés avec d’autres scènes ; l’AIGLE DE SAINT JEAN - puis un panneau de feuilles d’acanthes - LE LION DE SAINT MARC - l’enfant Jésus bénissant des jeunes enfants en pied et de profil (St Jean) avec la Vierge agenouillée / sur les deux vantaux, un enfant soutenant des grappes de raisin-(Josué, Caleb, raisin,), / - Un verset de l’Evangile de Luc « Laissez venir à moi les petits enfants » avec Jésus, la Vierge, un apôtre et quatre jeunes garçons – Le TAUREAU DE SAINT LUC – un panneau de feuilles d’acanthes – L’HOMMEDE SAINT MATHIEU.- Les symboles ailés des quatre évangélistes (Tétramorphe) tiennent chacun un phylactère enfermant habituellement les versets de la Bible. - Ces symboles dévoilaient l’histoire sainte à  une population souvent illettrée.

*Scènes profanes : Les deux parties latérales qui ferment l’accès aux deux autels de la Vierge et de Saint Nicolas sont en noyer, sculptées sur les deux faces, (quelques manques). Elles proviennent d’un atelier différent mais également de qualité, et sont probablement un peu plus tardives. Elles représentent des enfants rieurs, dotés d’ailes et de pieds de chèvre, dits « chèvre-pied » dont le corps jaillit d’une corne d’abondance, puis on observe un panneau orné de deux enfants « chèvre-pied » soutenant un vase d’où s’échappent des fleurs.

                            N.B. La provenance et la datation de cette clôture restent une énigme, car aucun écrit ne vient confirmer son installation dans cette église. Mais il est certain que ce village autrefois habité de pêcheurs, de sauniers et de cultivateurs est devenu une petite cité prospère avec son Sénéchal, représentant du pouvoir royal, ses notables et ses négociants. Les belles demeures du centre du village témoignent d’une population aisée qui avait à cœur de magnifier son église.  différence.

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Le Maître-Autel

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Le Maître-autel de forme tombeau date du XVIIIème siècle. Il  est en pierre calcaire recouverte de peinture en faux-marbre. 

Autour de l’autel un retable de type droit est adossé au chevet plat qui camoufle l’abside. Un tableau (huile sur toile) rectangulaire domine l’autel et le tabernacle (exécuté en 1823 par Michaud, doreur à Bordeaux). Ce tabernacle saillant, en bois, se détachant des quatre motifs de trophées dorés sur toute la largeur de l’autel a remplacé un tabernacle plus ancien mais délabré.

Ce maître-autel est entouré d’un retable en bois, ou contretable, formé de deux colonnes cannelées peintes en blanc, bordées de part et d’autre de chutes de feuillages sculptées et dorées qui soutiennent un fronton brisé à l’antique, rompu par une élégante guirlande de fruits dorée, et surmonté d’une très étonnante statue datant du XVIIIème siècle. C’est un  « Christ Ressuscité » en bois polychrome et doré, tenant une longue et fine croix dans sa main droite, et montrant de sa main gauche le chemin étoilé du ciel.

Le retable contient un tableau, de facture assez naïve, représentant Le songe et le martyre de Saint Etienne, le saint patron de cette église. (Saint Etienne était un prédicateur juif du premier siècle, premier diacre et premier martyr (protomartyr) arrêté, jugé et condamné à être lapidé par le tribunal (le sanhédrin) du Grand Prêtre pour avoir raconté un songe où il voyait « le Fils de l’Homme, debout à la droite de Dieu dans une nuée céleste » représenté à l’angle supérieur droit du tableau. Saint Etienne est figuré les bras ouverts, offrant son corps au sacrifice, alors que ses juges, se jettent sur lui, le traînent hors des murs de Jérusalem et s’empressent de lui jeter les premières pierres.)

Ce tableau à l’huile sur toile porte la signature d’un artiste méconnu J. Abeli, et date de la première moitié du XVIIème siècle .Il aurait probablement été exécuté en 1629, puis réinstallé en 1771 lors de la remise en état du retable actuel après les graves guerres de religion sur l’île de Ré. 

 

-       Deux intéressantes statues en bois polychrome, datant du XVIIème siècle, (auteur anonyme) Saint Pierre portant les clés du royaume des  cieux et Saint Paul son glaive, sont placées sur des socles en bois sculptés installés de part et d’autre du maitre-autel. Les archives mentionnent leur achat à la vente révolutionnaire du 30 janvier 1794 au négociant Marcelat

Ø  NB/ Parmi ses premières mesures, la Révolution séquestre les biens de l’Église et les met à la disposition de la nation (2 novembre 1789). Cette décision est finalement bien acceptée par l’opinion et même par les ecclésiastiques qui sont frappés, quelques mois plus tard, par la suppression des ordres monastiques, l’interdiction des vœux perpétuels et la fermeture des maisons religieuses, lesquelles se vident de leurs occupants invités à prendre l’état laïc. La Constitution civile du clergé (12 juillet 1790) fait des ecclésiastiques des fonctionnaires publics desquels on exige un serment à la Constitution, ce qui provoque la division du clergé. Enfin, la politique délibérée de déchristianisation et la création de la religion révolutionnaire ferment les églises ou les transforment en temples de la Raison.) [Persée, 2012, Bodinier Bernard] https://www.persee.fr/doc/acths_1764-7355_2014_act_137_5_2666

Ø   

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Autel de La Vierge


A gauche du maître-autel, se trouve l’autel de LA VIERGE de forme tombeau datant du XIXe siècle, surmonté d’un remarquable tabernacle du XVIIIe siècle en bois sculpté de décor rocaille doré.

Au centre s’élève une belle statue en pierre polychrome d’une Vierge à l’enfant couronnée, aux vêtements dorés, datée du XVIIIème siècle.

L’autel est entouré d’un retable à colonnes en bois peint en blanc et aux motifs sculptés rehaussés de peinture dorée. Au fronton, on remarque deux volutes affrontées surmontées d’une simple croix.

La Base Palissy décrit un « Ensemble de boiseries ornant l'ensemble du retable latéral sud, comportant notamment un décor de médaillons ovales peints. » Le fond du lambris de la chapelle est en pin à l’aspect rustique (pitchpin) de la fin du XVIIIe- début XIXe siècle, orné de deux médaillons avec cadre sculpté représentant très probablement Saint Joseph et Marie, et de petits médaillons énigmatiques tout autour.

Le retable enserre un grand tableau du XIXème siècle qui représente la Donation du Rosaire à Saint Dominique et à Sainte Catherine de Sienne par la Sainte Vierge.

Une lampe rouge allumée signale la présence des hosties consacrées dans le tabernacle. 

Ici, le silence doit être respecté par respect pour ceux qui viennent se recueillir

 
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Autel Saint Nicolas


Faisant pendant à l’autel de la Vierge, l’autel de Saint NICOLAS est entouré du même retable à colonnes, sur le fond de boiseries en pin identique aussi.

Un grand tableau du XIXe illustre la Légende de Saint Nicolas délivrant les enfants du saloir. L’autel, le tabernacle et le retable  datent du XIXe siècle.

Sous l’un des deux médaillons une porte mène à la sacristie. Si St Joseph et la Vierge sont bien représentés sur les lambris de l’autel de la Vierge, il est probable qu’ici soient peints Ste Anne et St Joachim, même si aucun des quatre portraits ne soit auréolé.

Dans cette chapelle on peut admirer un très beau lutrin tripode, en bois massif XVIIIèmesiècle surmonté d’un aigle en ronde bosse aux ailes déployées servant de pupitre. Le socle tripode galbé est décoré de 3 scènes sculptées en en bas-relief, représentant la Sainte Trinité adorée par les anges, Abel assommé par son frère Caïn, et le baptême du Christ.

Ce lutrin remplace un lutrin en cuivre doré sur armature de fer, pesant « 239 livres qui fût expédié à la fonte le 15 pluviôse an II » (Ile de Ré – Inventaire topographique 1979).