Découvrez l’église d’Ars-en-Ré
Une Architecture Unique
La profonde originalité de l’église d’Ars, bâtiment le plus emblématique de l’ile de Ré, tient certes à son clocher noir et blanc, mais aussi à ses 3 églises en une, préromane, romane et gothique aboutées l’une à l’autre au cours de 1000 ans d’Histoire. La troisième église, plus récente (XVe-XVIIe) et plus grande, est imperceptible depuis son porche d’entrée ; elle est encore le lieu de culte actuel.
L’église préromane était un simple parallélépipède. On remarque des pierres saillantes (modillons, corbeaux) en hauteur sur le mur gouttereau Sud. Il est envisageable que l’église ait été «occidentée», non pas vers le soleil levant et Jérusalem, mais vers l’Ouest...
Plus tard (XIIe) les moines de l’Abbaye de Saint Michel en l’Herm (dont dépendait l’île d’Ars depuis 1027) ont bâti une église plus grande en englobant cette première église. L’église romane, réorientée vers l’Est, avec un plan en croix latine, transept, nef rectangulaire unique, et clocher, est appareillée en pierres ocre. La nef fut surélevée sans doute au début du XIIIe et le toit couvert de lourdes lauzes sur lit de sable, remplaçant des tuiles trop légères pour le climat insulaire. La simple charpente en bois et les murs peu épais ne pouvant supporter un tel poids, deux voûtes d’ogives répartissent le poids sur deux gros piliers intérieurs saillants (), au milieu de la deuxième travée de la nef romane.
L’église gothique, (XVe –XVIIe) fut construite dans le prolongement de la nef et du transept roman en un carré de 25m de côté. Il en résulte cette autre originalité de l’église d’Ars : Sa partie gothique comporte une nef centrale étroite, dans le strict prolongement de la nef romane, avec deux collatéraux beaucoup plus larges. Bien sûr, pour emboiter l’église gothique à la suite de l’église romane, il fut nécessaire de démolir l’abside et le chevet roman. Furent-ils reconstitués à l’identique derrière l’église gothique ? Rien ne le prouve...
Le Clocher
Au XIXe, La flèche du clocher d’Ars peinte en noir et en blanc servait de repaire aux bateaux à l’approche du grand port de La Rochelle et d’amer aux marins par temps brumeux.
La tradition perdure jusqu’à ce que les amers soient déclassés en 1954, suite aux changements sur l’état du balisage du littoral de la Charente-Maritime décidés par la direction des Phares et Balises. Seule l’église d’Ars garde aujourd’hui ses couleurs.
La Facade et le Portail
Le portail d’une église a un rôle capital comme lieu de transition entre le monde extérieur profane et l’intérieur qui reste une entrée dans un lieu sacré, symbole de la Porte Sainte, la Porte du Seigneur (Ps 118, 20)
Le portail occidental d’Ars en Ré de style ogival semi-brisé est couronné de quatre voussures, comportant 8 colonnettes surmontées de chapiteaux historiés très érodés. Il ne possède pas de tympan. Ce porche de style typiquement saintongeais est remarquable par sa simplicité et son élégance. Il comporte, de part et d’autre, deux étroites arcatures aveugles donnant un rythme ternaire à l’ensemble. Au centre le décor des 4 voussures de l’arc semi brisé a survécu aux destructions des guerres de religion et à la Révolution car elle ne comporte pas de scènes religieuses mais des décors géométriques en bâtons brisés, rais de cœur ou marguerites.
Deux hautes colonnes engagées, de part et d’autre du portail, viennent supporter une corniche couronnant le portail ornée de modillons profanes typiquement romans. Certains sont encore très lisibles, dont le dernier à droite avec sa tête négroïde. Plus haut la façade est percée d’une simple petite fenêtre en plein cintre, sans doute la plus ancienne.