Flash 9: Ars et son église lors de la Révolution


On aurait pu croire que la Révolution de 1789 n’aurait que de faibles échos pour l’église d’un village situé au bout d’une île, catholique de tradition, de surcroit. Il n’en fut rien. Ars participa à toutes les étapes de la Révolution, parfois avec un zèle surprenant. Les conséquences pour l’église, restée centre de la vie collective du village, furent importantes. Limitons-nous à quelques faits significatifs la concernant, dans sa vie ou son environnement :

Le 26 janvier 1790 : élection, dans l’église, de la municipalité au suffrage semi universel : 482 voix pour 3211 habitants (dont Saint Clément) élisent le Maire puis 8 officiers municipaux avec en tête MM Aunis-Gaudin et Barbotin-Brunet, de familles encore très connues à Ars. La proclamation des résultats est faite par le curé, encore très populaire, élu premier scrutateur.

Le 6 juillet 1790 : Le Conseil communal traite de l‘acquisition et de la vente des biens du Prieuré de Saint Michel en l’Herm, des congrégations et même de la paroisse après nationalisation décidée par l’Assemblée nationale le 2 novembre 1789. Le presbytère devient la mairie ( actuellement à cet emplacement).

Le 14 juillet 1790 : Fête de la Fédération. Prestation de serment de la garde nationale. Les habitants sont conviés à participer aussi à la messe, prévue sur la place. Elle est célébrée dans l’église, du fait de la pluie.

Le 6 février 1791 : Le curé Brizard jure fidélité à la Constitution, contrairement à beaucoup de ses collègues français exterminés à Rochefort et sur l’ile Madame. Il sera écarté temporairement en 1793.

Le reste de la muraille subsistant autour de l’église est détruit et le terrain arasé pour les manœuvres de la garde nationale. La place est ainsi surélevée au-dessus du niveau du portail et celui-ci ne sera dégagé qu’en … 1995.

Le 9 décembre 1792 est créé le club révolutionnaire, correspondant du club des Jacobins à Paris et du club montagnard de Saint Martin « Les amis de la Liberté et de l’Egalité » dissous en septembre 1794, après la chute de Robespierre (juillet). Ses réunions se tiennent à l’église devenue le « Temple de la Réunion et de la Raison ». Il devient vite une sorte de commissaire politique contrôlant et stimulant l’ardeur révolutionnaire de la municipalité, selon l’exemple parisien.

Le 27 février 1793 : Les titres de la féodalité sont brûlés dans un feu de joie place de l’église ainsi que tout ce qui pouvait rappeler l’ancien régime (tableaux, statues, objets divers). Un célèbre navigateur arsais, J Deschezeaux, jette même au feu l’épée d’honneur qui lui avait été offerte par le roi Louis XVI pour sa conduite héroïque lors du siège de Pondichery, en Inde !

« Ars » et » l’ile de Ré » deviennent brièvement « La Cité de la Concorde » et « l’Ile Républicaine »

Le 3 février 1794 : rapport du Maire Louis Bonin : « Nous avons fait disparaitre de notre ci-devant église tous les bancs, confessionnaux et tout ce qui rappelait la superstition. Nous y avons formé une enceinte propre aux séances de la société populaire. La chaire a été seule conservée pour la tribune ». Il est envoyé par Ars au district tous les objets en or ou a en argent, et le lutrin en cuivre, pour fonte, ainsi que tous les ornements et linge d’église. Les mobiliers de culte et décorations comme les autels ou les boiseries du baptistère sont vendus ( à un notable d’Ars, M Marcelat, qui les restituera à l’église après la Révolution). Le Christ en croix face à la chaire disparait temporairement (il fut caché par des âmes pieuses entre les voutes et la toiture).

Le Concordat signé par le Pape avec Napoléon en 1801 crée un nouveau cadre permettant la reprise du culte catholique avec un clergé à nouveau réuni. A Ars, l’église, est réouverte au culte en 1803 après 10 ans de fermeture.  

-Le 5 mai 1816 :  un Te Deum est célébré lors de l’arrivée au pouvoir de Louis XVIII.L’arbre de la Liberté, planté en 1794, est incendié ainsi que tous les signes rappelant la révolution, contrepoint de l’incendie révolutionnaire de 1793. Une page se tourne pour l’église qui va devoir être remeublée et réparée.

Les évènements rapportés, très partiels, permettent de se rendre compte des effets de la Révolution pour l’église et le culte qui y était rendu à Ars, pourtant un petit village au bout des terres. Les apports positifs de cette Révolution ( cadastre, état civil, organisation communale, suppression de privilèges fiscaux  etc… ) puis des réformes napoléoniennes constituent un autre aspect des choses.