Flash 8: La paix avant la tempête
De 1628 à 1789, Ars va connaitre une période sans guerre civile ou avec l’Etranger, si on excepte quelques incursions de la flotte anglaise. Après les guerres de 100 ans et les guerres de religion, qui avaient provoqué maintes destructions et atrocités dans le centre-ouest de la France, le pouvoir royal s’affirme de plus en plus tandis que les guerres permettant à la France d’aller vers ses frontières naturelles se déroulent loin de la région. Le poids des taxes, de l’entretien des troupes de garnison royales et des règles administratives, l’éloignement des instances de décision deviendront alors les soucis principaux des arsais, exprimés dans les cahiers de doléances de 1789
L’église elle-même, depuis 1651 et l’inauguration de la chapelle Saint Pierre, a son volume actuel, une nouvelle sacristie étant toutefois construite en 1725. C’est l’époque de l’Eglise triomphante : Le curé a 12 vicaires(!). Il obtient la démolition du temple protestant, datant de 1603, et, temporairement, l’interdiction du culte protestant. Intolérance symétrique de celle des protestants au XVIè siècle ! La paroisse est administrée matériellement par un « conseil de fabrique » ayant ses propres biens et veillant à l’entretien de l’église. L’heure est aux embellissements intérieurs : au XVIIIè siècle, on remplace semble-t-il le très beau tabernacle de 1629 ( qui serait actuellement dans l’église des Portes) par un nouveau s’harmonisant avec de nouveaux autels. En 1762, on refait le sol de l’église en utilisant une partie des pierres de la muraille dont la démolition avait commencé pour construire l’église gothique. Et on érige les stèles comportant le nom des notabilités enterrées jusqu’alors dans l’église, dont les professions sont révélatrices de l’origine alors de la notabilité. Au Martray, Vauban fait édifier en 1674 un fort pour défendre ce point de passage entre le nord et le sud de l’île de Ré, fort bien plus tard dénaturé par les Allemands en 1939-45.
La paroisse, depuis la forte expansion des années 1580-1610 compte ( sans Saint Clément) près de 3000 habitants ( 2000 en 1876, 1200 aujourd’hui) Toute l’ile de Ré bénéficie sans doute du rebond de La Rochelle qui , après la terrible épreuve de son siège, trouve au XVIIIè siècle un nouveau ressort économique dans le commerce maritime avec les Amériques et la traite négrière.
En 1789, les cahiers de doléances rédigés par les Arsais portent essentiellement sur l’abolition des privilèges fiscaux, sur le système de taxation des marchandises exportées ou transitant par Ars, sur l’aide à l’entretien des digues, sur la suppression de la prise en charge du logement des officiers royaux à Saint Martin par les iliens, et sur une Justice et une Administration ayant des représentants sur l’ile. Il est même demandé une assemblée de district pour l’île, rêve qui se réalisera ces dernières années avec la création de la Communauté de Communes. Mais aucune trace d’anticléricalisme, le curé Brizard, étant très populaire, et devant le rester, avec des interruptions, jusqu’à la Restauration.