Flash 3: Ars et la mer, nourricière et dangereuse


Dans la partie romane de l’église d’Ars, est accrochée une belle tapisserie de 4x3 m tissée en 1996 par des rétais de chaque village pour leur partie de territoire, à l’occasion du téléthon. La partie concernant le Fier d’Ars est ici seule reproduite, les marais salants gagnés sur la mer étant en vert.

Cette carte a deux grands intérêts. Elle montre la localisation des quelques 1500 hectares gagnés sur la mer, autour du Fier d’Ars ; du XIè siècle, date de l’arrivée des moines de Saint Michel en l’Herm, au milieu du XIXè, début de la chute vertigineuse des cours du sel. Un gain rendu possible par l’édification de digues permettant de créer derrière elles le savant système hydraulique conduisant l’eau aux aires saunantes permettant la collecte du sel. Mais ces digues contribuaient aussi à protéger le cœur des villages exposés aux submersions marines, lors des tempêtes, sauf lors des plus grandes, suscitant, les vimers, tout comme les « écluses à poissons », fruit d’un travail communautaire harassant mais source nourricière bienvenue et brise-lames important.

Et justement la carte de la tapisserie a aussi l’intérêt de montrer ce qui s’est passé lors de Xynthia, le vimer catastrophique de 2010 : La mer a alors repris ses droits, les 1500 hectares de marais gagnés en 1000 ans étant submergés et même 1000 hectares de plus… !

Le caractère si spécifique d’Ars et des villages, au ras de l’eau, autour du Fier, réside dans cette relation ambigüe avec la mer, source de richesse mais aussi parfois de grands dangers. Refuge sur un point haut rocheux, l’église d’Ars, depuis des siècles, est le cœur et l’âme d’un village aux habitants rendus solidaires par la mer. Ce qui explique les énormes sacrifices faits par eux pour la bâtir et la conserver, malgré les atteintes du temps et les ravages des guerres et autres « évènements ».