Flash 12: Superbe restauration et découvertes étonnantes
La nouvelle prospérité d’Ars , due au Tourisme, la belle rénovation en résidences secondaires de nombreuses maisons d’un village au patrimoine immobilier abondant, car ayant perdu presque les 2/3 de ses habitants par rapport au temps de sa splendeur, l’intérêt croissant des Français pour le patrimoine, valeur économique mais aussi transmetteur de mémoire et source de joies culturelles, la volonté sans faille des Conseils Municipaux successifs, poursuivant un combat millénaire en faveur de l’église du village, son cœur et un peu son âme, rendaient possible et prioritaire la restauration complète de l’église.
Dès 1995, la municipalité obtenait la réalisation d’un vœu constant depuis presque 100 ans : Voir les abords de l’église remis au niveau de celui du Moyen Age, lors de sa construction, afin de dégager l’édifice et de rendre sa beauté notamment au portail, enterré de plus d’un mètre ! Il fallait descendre 5 marches pour rentrer dans l’église ! Ce travail préalable fut fort heureusement mené à bien en remettant le sol de la place devant le portail et la façade sud presque au niveau d’origine. Etaient aussi créés des gradins àl’emplacement même de la muraille défensive qui entourait l’église romane au XVème siècle. Dans une des niches latérales, murées un temps, apparaissait alors une exquise sculpture d’aile d’oiseau dans sa finesse du XII- XIIIe siècle, alors que les décorations du portail avaient subi l’érosion de siècles de vent d’ouest.
De novembre 2016 à juillet 2020 fut réalisée la restauration complète de l’église, dans sa partie romane puis dans sa partie gothique, y compris le drainage extérieur. Le coût fut financé par l’Etat (DRAC), la Région Nouvelle Aquitaine et, pour près de 50%, par la Commune d’Ars ; l’Ensemble Pastoral et la Fondation du Patrimoine grâce aux dons, récoltés notamment par l’Association des Amis de l’église, apportant une contribution.
Le 2 juillet 2020 eut lieu une cérémonie d’inauguration, par le Maire nouvellement élu, Mme Pétiniaud-Gros, et le Maire sortant, M Olivier, qui avait été la cheville ouvrière du projet pendant ses mandats successifs : Elle vit la remise, hautement symbolique, des clefs de l’église par le Maire, représentant la Commune, propriétaire de l’édifice depuis la loi de 1905, à l’évêque de La Rochelle, représentant l’Eglise, délégataire pour son usage. Celui-ci les remit à son tour au Père Cottereau, curé du village et de l’Ensemble Pastoral de l’île de Ré.
Ce petit guide n’est pas le bon vecteur pour parler des aspects techniques de cette restauration, très passionnants. Mais son déroulement a été fort heureusement conservé en vidéo sur son blog par une journaliste arsaise, Maryline Bompart.
Les principaux apports de cette restauration complète, pour les paroissiens et les très nombreux visiteurs, amoureux du patrimoine, sont les suivants :
-L’architecture a été merveilleusement mise en valeur par la décision de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) d’ocrer les arcatures des voûtes intérieures : Elles sont ainsi davantage mises en valeur, la couleur devenant un véritable outil architectural.
- Les murs, jadis peints, ont été enduits à la chaux d’une teinte ivoire : Toute l’architecture chante et enchante
- L’éclairage des voutes par des appliques reprenant délicatement la courbure de la structure est à la fois beau et discret. Le grand lustre central en cristal XIXe, jadis don d’un paroissien, a été rénové.
- Les appareils de chauffage pendant du plafond ont été supprimés, et seront prochainement remplacés par un dispositif plus esthétique tandis que de nouveaux bancs, dans l’esprit des anciens, très vermoulus, seront mis en place.
- Sur les murs, ont été restaurées et parfois retrouvées sous la peinture XIXème, 11 des 12 croix de consécration, certaines avec leurs porte-cierges (C’est lorsque ce cierge était entièrement consumé que l’église était réputée consacrée)
- Les vitraux des XIXe et XXe siècles, qui projettent, selon les saisons, de merveilleux camaïeux de lumière sur les piliers, ont été remarquablement restaurés.
- Deux tableaux XVIIIè de bonne facture, retrouvés, représentant Dieu le Père et « Le Christ aux outrages » , seront placés dans la chapelle des Trépassés.
- Dans le baptistère a été faite une superbe découverte : Une fenêtre romane, murée lors de la construction de l’église gothique, car devenue sans usage, a été désobstruée : Dans l’ébrasure sont apparues des peintures de feuillages délicatement colorés à fresque et d’un charme prenant, datant donc probablement des XII-XIVe siècles.
- Les sols, hors circulations, qui avaient vu progressivement les belles pierres de la muraille entourant l’église, mises en place en 1762, être grossièrement cimentées, ont été revêtus d’une belle pierre de Jonzac.
-Le sol des allées de circulations a été restauré et ont été recréés les motifs si originaux du XIXe siècle, largement effacés : Trilobes, quadrilobes, tournesols, croix de Malte, le tout avec un mortier de chaux teinté dans la masse au pigment noir, stabilisé lors de la campagne de travaux 2021-22.
- L’espace du chœur a été agrandi de manière très heureuse en repositionnant les stalles rénovées provenant d’une abbaye et mises en place dans l’église après la Révolution.
Cette restauration n’a pas pu hélas encore toucher le chœur, la sacristie, des tableaux, des boiseries et des statues qui auraient besoin de retrouver leur état d’origine. L’Association des Amis de l’église participe à la collecte de fonds pour achever la restauration. Quant aux voutes du transept roman, l’humidité imprégnant les murs depuis des siècles mettra des années à « sortir » ce qui nécessitera encore des réfections
Cette merveilleuse église d’un petit village perdu dans la mer, est porteuse d’optimisme dans les difficultés de notre temps, quand on pense aux épreuves traversées par elle et sa communauté villageoise pendant 1000 ans, relatées dans ces flashs. Accueillante pour les tous les visiteurs, elle est propice à la prière ou tout simplement au calme et à la méditation.
Elle vous attend.